Warrior : L’Art Martial de la Déception Idéologique

« Warrior », cette série américaine diffusée entre 2019 et 2023, tire son inspiration des écrits et concepts du légendaire Bruce Lee, imaginés à l’origine comme un projet personnel pour l’icône des arts martiaux. Transportant le spectateur dans le San Francisco bouillonnant des années 1870, une ère marquée par la ruée vers l’or, l’immigration massive et les tensions raciales explosives, la série promet un cocktail détonant d’action brutale, de drames humains et d’intrigues mafieuses. À première vue, elle a tous les ingrédients d’un blockbuster télévisuel : des chorégraphies de combats dignes des plus grands films de kung-fu, une reconstitution historique immersive des quartiers chinois de la ville, et une galerie de personnages qui, au début, semblent taillés pour captiver. Produite initialement par Cinemax puis reprise par HBO Max (et plus tard Netflix pour une diffusion plus large), « Warrior » s’appuie sur un budget solide pour offrir des visuels impressionnants, avec des décors qui recréent fidèlement l’atmosphère chaotique de Chinatown, ses ruelles sombres, ses tripots enfumés et ses bagarres de rue impitoyables.

Dès les premiers épisodes de la saison 1, on est happé par l’énergie brute de l’ensemble. Le protagoniste principal, Ah Sahm, interprété avec charisme par Andrew Koji, débarque en Amérique comme un immigrant chinois fuyant un passé trouble. Expert en arts martiaux, il ne tarde pas à se faire remarquer par ses prouesses au combat, intégrant rapidement les rangs d’un tong (un gang chinois) puissant. Les scènes d’action sont un véritable feu d’artifice : chorégraphiées avec une précision chirurgicale (on pense à des influences comme « Ip Man » ou les films de Jackie Chan), elles mêlent coups de poing fulgurants, acrobaties aériennes et une violence crue qui colle parfaitement à l’époque. Imaginez des duels où chaque impact résonne comme un coup de tonnerre, filmés avec des plans dynamiques qui capturent la sueur, le sang et l’intensité des affrontements. C’est là que « Warrior » excelle : elle ne se contente pas de montrer des bagarres gratuites, mais les intègre à une narration qui explore les dynamiques de pouvoir au sein des communautés immigrées.

Au-delà de l’action, la saison 1 pose des bases thématiques solides et nuancées. L’immigration est au cœur du récit : Ah Sahm et ses compatriotes chinois font face à une Amérique hostile, où la loi anti-immigration comme le Chinese Exclusion Act (bien que légèrement anachronique, car il date de 1882, mais l’esprit est là) plane comme une ombre menaçante. Le racisme ambiant est dépeint sans fard – insultes, discriminations, violences policières – mais avec une subtilité qui évite le manichéisme. On voit des personnages comme Mai Ling (Dianne Doan), une femme ambitieuse et manipulatrice, naviguer dans ce monde patriarcal avec intelligence, ou encore Leary (Dean Jagger), un leader ouvrier irlandais raciste mais humain dans ses motivations économiques. La survie dans cet univers impitoyable est un thème récurrent : alliances fragiles entre gangs, trahisons internes, et la quête d’identité dans un pays qui vous rejette. Tout cela est servi par un rythme haletant, des dialogues vifs et une bande-son qui pulse au rythme des combats. On devient vite addictif, binge-watching les épisodes en se disant que voilà une série qui pourrait rivaliser avec des classiques comme « Peaky Blinders » ou « Boardwalk Empire », mais avec une saveur orientale unique. Les critiques initiales, d’ailleurs, saluaient cette fraîcheur, et la série a même été renouvelée grâce à un bouche-à-oreille enthousiaste.

Pourtant, ce qui commence comme une promesse d’excellence se mue progressivement en une déception amère. Dès la fin de la saison 1, on perçoit des signes avant-coureurs, mais c’est véritablement à partir de la saison 2 que l’agenda woke s’impose avec une lourdeur qui frise l’insupportable. Ce qui était une critique sociale intégrée organiquement à l’intrigue devient un prêchi-prêcha constant, comme si les scénaristes, menés par Jonathan Tropper (connu pour « Banshee »), avaient subitement cédé à une pression idéologique venue d’Hollywood. La subtilité des thèmes initiaux – racisme, immigration, inégalités – est remplacée par une checklist progressiste forcée : diversité ethnique surreprésentée de manière anachronique (dans un San Francisco des années 1870 où les interactions interraciales étaient rares et conflictuelles), discours anti-patriarcaux martelés à chaque opportunité, et une victimisation exacerbée des minorités qui transforme les personnages en porte-étendards plutôt qu’en êtres complexes.

Prenons les personnages féminins, par exemple. Dans la saison 1, des figures comme Ah Toy (Olivia Cheng), une tenancière de bordel rusée et impitoyable, ou Mai Ling, avec ses ambitions machiavéliques, offraient une profondeur fascinante : elles étaient fortes, oui, mais avec des failles, des motivations égoïstes et une vulnérabilité qui les rendait humaines. Dès la saison 2, elles mutent en archétypes de « strong independent women » invincibles, capables de terrasser des hordes d’hommes armés sans une égratignure, au mépris de toute crédibilité historique ou physique. C’est comme si les scénaristes avaient peur d’offenser quiconque en montrant des femmes faillibles ; au lieu de cela, elles deviennent des super-héroïnes anachroniques, prêchant l’empowerment féministe dans un contexte où de tels concepts n’existaient tout simplement pas. Les dialogues s’alourdissent de sermons sur l’équité de genre, l’inclusion et la sororité, qui sonnent faux dans la bouche de personnages du XIXe siècle. On en vient à rouler des yeux à chaque fois qu’une femme prend la parole, non pas parce que le message est mauvais en soi, mais parce qu’il est imposé avec une telle maladresse qu’il brise l’immersion.

Les intrigues subissent le même sort. L’action pure, qui faisait le sel de la série, est diluée par des sous-intrigues moralisatrices. Les guerres de gangs, autrefois centrées sur la survie et le pouvoir, deviennent des allégories contemporaines sur la justice sociale : on voit des alliances improbables basées sur des idéaux d’égalité, des critiques explicites du capitalisme (présenté comme l’ennemi ultime), et une réécriture de l’histoire pour coller à des narratifs modernes. Par exemple, le racisme anti-chinois, bien réel à l’époque, est amplifié au point de rendre tous les personnages blancs des caricatures de suprémacistes, sans nuance ni exploration des contextes socio-économiques (comme la concurrence pour les emplois entre immigrants chinois et irlandais). C’est une victimisation exacerbée qui ignore les complexités historiques – les Chinois eux-mêmes n’étaient pas exempts de divisions internes ou de violences – pour servir un message binaire : opprimés vs oppresseurs. Les épisodes se transforment en leçons de morale, avec des monologues interminables qui stoppent net le rythme, sacrifiant l’intrigue au profit d’un prosélytisme qui transpire à chaque plan.

La saison 3 pousse ces travers à l’extrême, rendant la série outright indigeste. Au lieu de corriger le tir, les scénaristes doublent la mise : plus de diversité forcée (introduisant des personnages LGBTQ+ dans un contexte historique où cela serait hautement improbable sans exploration sérieuse), plus de discours sur l’intersectionnalité, et une peur palpable de « froisser » les sensibilités modernes. Les combats, autrefois épiques, deviennent secondaires, relégués à des interludes entre deux sermons. Ah Sahm, qui était un anti-héros nuancé, se mue en porte-parole woke, perdant son charisme au profit d’une rectitude morale impeccable. C’est comme si « Warrior » avait retourné sa jaquette, passant d’une série d’action historique à un véhicule propagandiste pour les idéaux progressistes d’Hollywood. On pense à d’autres séries qui ont subi le même sort, comme « The Witcher » ou « Rings of Power », où l’idéologie prime sur la cohérence narrative, aliénant une partie du public au nom d’une inclusivité maladroite.

En fin de compte, « Warrior » illustre parfaitement comment l’Amérique contemporaine utilise son soft-power – cinéma, séries, médias – pour diffuser une idéologie dominante, au détriment de l’art pur. Ce qui aurait pu être une œuvre marquante, honorant l’héritage de Bruce Lee avec authenticité, se saborde en une leçon de morale imposée. Une punition méritée : 1/10. Si vous cherchez de l’action historique sans agenda, tournez-vous plutôt vers des classiques comme « Deadwood » ou des films de kung-fu old-school. « Warrior » ? Passez votre chemin, à moins d’aimer les prêches déguisés en divertissement.

« Le Temps scellé » d’Andreï Tarkovski: une boussole pour l’âme dans l’ère du consumérisme

Dans « Le Temps scellé », Andreï Tarkovski ne se contente pas de commenter son art : il forge un manifeste pour une vie plus juste, plus vaste, plus profondément humaine. Ce livre s’impose comme une méditation brûlante sur le mal de la modernité et sur la course effrénée au consumérisme, dont il déploie la logique destructrice et l’emprise sur nos imaginaires.

Contexte et portée

Écrit par l’un des cinéastes les plus visionnaires du XXe siècle, « Le Temps scellé » articule une pensée où l’esthétique n’est jamais dissociée de l’éthique. Le cinéaste, connu pour ses films contemplatifs et sa maîtrise des durées longues, prolonge ici sa quête : dire la vérité du réel en sculptant le temps, et non en le défigurant par la frénésie. L’ouvrage n’est ni un simple journal ni un manuel : c’est une profession de foi qui replace l’art au centre de la responsabilité spirituelle.

Thèse centrale

La thèse de Tarkovski est sans concession : la crise de l’époque n’est pas d’abord technique ou économique, elle est spirituelle. Le consumérisme colonise le désir, transforme l’art en produit et l’attention en marchandise, abîmant la capacité humaine à contempler, aimer, et se souvenir. Le livre oppose à cette logique une exigence : réapprendre le poids du silence, la fécondité de l’ascèse, la patience du regard.

Le temps comme matière de vérité

La grande force du cinéaste, théorisée dans ce texte, tient à l’idée que l’art doit « sculpter le temps ». Cela signifie que l’œuvre ne doit pas tordre la réalité au rythme de l’impatience, mais lui offrir l’espace de se manifester. Le refus de la coupe facile, de l’effet spectaculaire pour l’effet, dessine une éthique de l’attention : laisser advenir le vrai, laisser respirer l’instant, accueillir la durée comme une lumière. Dans ce geste, il y a autant une poétique qu’une résistance à l’accélération générale.

Une critique de la modernité

Le diagnostic de Tarkovski sur le mal contemporain est d’une justesse tranchante : l’ère moderne confond progrès et accumulation, vitesse et compréhension, information et sens. La ville tentaculaire, les images jetables, le divertissement perpétuel fabriquent un monde saturé où la profondeur se perd. « Le Temps scellé » montre que l’issue ne se trouve ni dans la nostalgie ni dans la technophobie, mais dans un retournement intérieur : réordonner les valeurs autour de ce qui sauve, et non de ce qui brille.

Éthique et spiritualité de l’art

Tarkovski rappelle que créer engage une responsabilité. L’œuvre ne sert pas à distraire mais à élever : elle convoque la conscience, accompagne le lecteur vers une forme d’alignement entre beauté et vérité. Cette éthique se traduit par un style : dépouillement, fidélité aux phénomènes, refus du cynisme. La spiritualité, chez lui, n’est pas décor ou dogme, mais respiration : une manière d’habiter le monde avec gravité, douceur et gratitude.

Une parole qui refuse la marchandisation

L’ouvrage démonte la logique de marché qui réduit l’art à l’utile et au rentable. Le regard qui évalue tout à l’aune des clics, des graphiques ou des tendances est, selon Tarkovski, un regard appauvri. À cette logique, « Le Temps scellé » oppose la lente maturation des œuvres, le geste artisanal, la dignité de l’exigence. On y lit une invitation implicite à préserver des zones franches de gratuité, où la création n’est pas soumise à la tyrannie de l’immédiat.

Une grammaire de la contemplation

Le livre est aussi un manuel de lucidité intime : cultiver le silence, choisir la patience, honorer le détail, accepter l’énigme. Ces gestes s’opposent point par point au réflexe de surenchère qui étouffe l’écoute. La contemplation devient ici une stratégie de reconquête du réel. Elle n’est ni passivité ni luxe, mais condition de possibilité d’une vie pensante — et d’un art qui ne ment pas.

Contrepoints mesurés

Certains pourront juger l’exigence de Tarkovski sévère, voire ascétique. Mais c’est précisément cette intransigeance qui rend le propos salutaire : elle dégage un espace pour l’indispensable, loin des illusions de l’époque. D’autres y verront un idéal difficile à tenir au quotidien ; le livre n’impose pourtant aucune doctrine, il ouvre un horizon de responsabilité, à habiter selon les moyens et les fidélités de chacun.

Ce que la lecture change

Lire « Le Temps scellé », c’est apprendre à se réaccorder au monde : ralentir, discerner, nommer, admirer. C’est aussi se donner des outils critiques pour résister aux automatismes culturels : préférer la profondeur au bruit, la cohérence au clinquant, la vérité à la facilité. À la fin, quelque chose s’apaise et s’éveille à la fois : une disponibilité neuve à la beauté, et le courage d’en porter la charge.

Verdict et recommandation

Chef‑d’œuvre de pensée et de style, « Le Temps scellé » obtient 10/10 pour la clarté de son diagnostic sur la modernité, la vigueur de sa critique du consumérisme et la noblesse de son exigence artistique. À recommander absolument aux lecteurs, créateurs, enseignants, décideurs culturels et à quiconque cherche une boussole dans un monde saturé. On y gagne une vision, un rythme, et une langue pour mieux voir.

Pour prolonger la lecture

  • Relire des passages en les confrontant à une journée ordinaire : ce que l’on regarde, ce que l’on consomme, ce que l’on ignore.
  • Tenir un carnet d’« attention » pendant une semaine : noter ce qui ralentit, apaise, élargit.
  • Partager une page du livre et ouvrir la discussion : qu’est‑ce que « sculpter le temps » peut changer dans nos métiers, nos pratiques, nos cours, nos vies ?

En refermant « Le Temps scellé », demeure l’évidence simple et rare : l’art n’est pas un luxe, c’est une manière d’habiter le réel — et Tarkovski, un maître de ce séjour.

Tarkovski et l’Histoire : Une Archéologie Cinématographique de la Mémoire Russe

L’analyse proposée par ARTE dans cette vidéo de Blow Up consacrée à Andreï Tarkovski révèle l’une des dimensions les plus fascinantes de l’œuvre du maître russe : sa capacité unique à transformer l’Histoire en expérience sensorielle et spirituelle. Bien au-delà d’une simple reconstitution du passé, Tarkovski développe une véritable « esthétique de l’Histoire » qui mérite une exploration approfondie.

L’Histoire comme Matière Vivante : Une Approche Révolutionnaire

La Rupture avec le Cinéma Historique Traditionnel

Contrairement aux épopées historiques conventionnelles, Tarkovski ne cherche pas à reconstituer le passé mais plutôt à “l’invoquer comme une force magique”. Cette approche révolutionnaire transforme l’Histoire en “mémoire sensible qui revient sans cesse, qui travaille le présent”. Le cinéaste russe développe ce qu’il appelle lui-même le concept de “kinoobraz” (image cinématographique), une théorie esthétique fondée sur l’idée que le cinéma doit capturer le temps dans sa matérialité la plus immédiate.
Dans son ouvrage théorique Le Temps scellé, Tarkovski explique que “le facteur dominant, tout-puissant de l’image du film, c’est le rythme, exprimant la course du temps à l’intérieur du film”. Cette conception du temps comme matière première du cinéma lui permet de créer une nouvelle forme de narration historique.

Une Mémoire Collective Transformée en Expérience Personnelle

L’originalité de Tarkovski réside dans sa capacité à faire dialoguer mémoire individuelle et mémoire collective. Dans Le Miroir (1975), son film le plus autobiographique, il mêle ses souvenirs personnels aux “grands instants de l’histoire collective (La guerre d’Espagne, Hiroshima, l’accession d’Hitler au pouvoir)”. Cette synthèse crée ce que Jean-Yves Heurtebise appelle une “fugue du temps” où différentes strates temporelles s’articulent.

Les Fondements Esthétiques : Une Poétique des Éléments

La Théorie des Quatre Éléments

L’analyse d’ARTE souligne avec justesse l’importance des quatre éléments dans l’œuvre tarkovskienne. Cette poétique élémentaire n’est pas simplement décorative : elle constitue le langage même par lequel Tarkovski exprime sa vision de l’Histoire. L’eau, la terre, l’air et le feu deviennent les vecteurs d’une “histoire sortilège”, permettant au spectateur d’accéder à une compréhension sensible du passé.
L’eau occupe une place particulièrement symbolique dans cette cosmogonie. Qu’il s’agisse de “l’eau calme des étangs avec ces algues qui dansent comme un ballet aquatique” ou de “la pluie battante qui tombe en trombes dans les moments de crise”, cet élément matérialise le travail de la mémoire et du temps. Dans Stalker (1979), les images d’objets submergés évoquent autant “la mémoire de l’ère soviétique” que les menaces de contamination nucléaire.

Le Temps Scellé : Une Révolution Conceptuelle

La théorie du “temps scellé” développée par Tarkovski constitue une rupture majeure avec les conceptions cinématographiques de son époque. Opposé au montage dialectique d’Eisenstein, il privilégie le plan-séquence comme moyen de “sculpturer le temps”. Cette approche lui permet de créer des images où “l’écoulement du temps est variable” et génère “un rythme du flux temporel qui doit être respecté dès le moment du tournage”.

L’Histoire comme Tragédie Collective : Violence et Spiritualité

La Violence Originelle

L’œuvre de Tarkovski commence par “un diptyque historique qui revient sur deux moments fondateurs de l’histoire russe” : la Seconde Guerre mondiale dans L’Enfance d’Ivan (1962) et le Moyen Âge dans Andreï Roublev (1966). Dans ces deux films, c’est “la violence que filme Tarkovski, violence originelle qui marque la Russie comme une malédiction”.
Cette représentation de la violence dépasse la simple reconstitution historique pour atteindre une dimension métaphysique. Dans Andreï Roublev, “en dépit de la censure soviétique qui voulait gommer les violences”, Tarkovski “représente l’horreur dans tous ses détails”, transformant le film en “théâtre de toutes les cruautés”.

Les Échappées : Rêve et Art

Face à cette violence historique, Tarkovski propose deux “échappées” : le rêve et l’art. Ces refuges ne constituent pas de simples évasions mais offrent des modalités alternatives d’accès à l’Histoire. L’art, en particulier, acquiert une “valeur sacrée” et “incantatoire”, devenant un oracle capable de révéler le sens profond des événements historiques.

L’Autobiographie comme Microcosme Historique

Le Miroir : Une Psychanalyse Cinématographique

Le Miroir représente l’aboutissement de la réflexion tarkovskienne sur les rapports entre mémoire individuelle et Histoire collective. Ce film “autobiographique” fonctionne comme une “thérapie par le cinéma” où Tarkovski “se psychanalyse lui-même”. Le cinéaste confiera d’ailleurs : “En terminant Le Miroir, mes souvenirs d’enfance qui m’avaient poursuivi et hanté pendant des années disparurent d’un coup”.
Cette dimension thérapeutique révèle une conception de l’art comme moyen de transformation personnelle et collective. Pour Tarkovski, “l’art est un métalangage, par lequel les hommes essaient de communiquer entre eux, de se connaître et d’assimiler les expériences des uns et des autres”.

La Mémoire comme Construction Poétique

Dans Le Miroir, Tarkovski développe une “méthode d’enchaînement par associations qui rassemble le rationnel et l’émotionnel”. Cette “logique poétique” lui permet de créer un film où “la vie a une organisation bien plus poétique que ne veulent nous le faire croire les partisans d’un naturalisme absolu”.

L’Exil et la Nostalgie : Nostalghia comme Testament

L’Impossible Retour

Avec Nostalghia (1983), Tarkovski explore une nouvelle dimension de sa relation à l’Histoire russe : celle de l’exil. Ce film, réalisé en Italie, marque “la consommation d’un divorce inévitable” avec l’Union soviétique. L’artiste russe en exil devient le symbole d’une mémoire déracinée, condamnée à ne pouvoir retrouver sa terre natale que par l’art.
La célèbre séquence finale, où le protagoniste traverse une piscine abandonnée en portant une bougie allumée, synthétise toute la philosophie tarkovskienne. Cet “acte de foi dérisoire” représente “l’avenir de l’Humanité vacillante” et constitue une métaphore de la création artistique comme ultime résistance face à l’Histoire.

L’Héritage : Une Nouvelle Conception du Cinéma Historique

Au-delà du Réalisme Socialiste

L’œuvre de Tarkovski constitue une rupture majeure avec les conventions du réalisme socialiste soviétique. En développant une esthétique personnelle fondée sur la spiritualité et la contemplation, il ouvre la voie à une nouvelle forme de cinéma historique, moins soucieuse de propagande que de vérité existentielle.
Sa conception du cinéma comme “mémoire mécanique qui permet de revivre une expérience du passé ignorée ou oubliée” influence profondément la manière dont les cinéastes contemporains abordent la représentation du temps et de l’Histoire.

Une Philosophie de l’Histoire

Plus qu’un simple cinéaste, Tarkovski développe une véritable philosophie de l’Histoire fondée sur l’idée que “le passé tout près de lui” continue d’agir sur le présent. Cette conception cyclique du temps, inspirée de la pensée orthodoxe russe, transforme chaque film en méditation sur la condition humaine face aux grands bouleversements historiques.

Conclusion : L’Histoire comme Révélation

L’analyse proposée par ARTE révèle la dimension prophétique de l’œuvre tarkovskienne. En transformant l’Histoire en “sortilège”, Tarkovski ne se contente pas de filmer le passé : il révèle la permanence des structures profondes qui gouvernent l’expérience humaine. Sa “poétique des quatre éléments” et sa théorie du “temps scellé” offrent aux spectateurs contemporains des clés pour comprendre notre propre rapport au temps et à la mémoire.
L’œuvre de Tarkovski demeure ainsi d’une actualité saisissante, nous rappelant que l’Histoire n’est jamais du “temps passé” mais bien une “mémoire sensible” qui continue de “travailler le présent”. Dans notre époque de mutations accélérées, cette leçon tarkovskienne résonne avec une force particulière, nous invitant à retrouver, par l’art et la contemplation, le sens profond de notre condition historique.

Texte généré par l’aide de Perplexity AI.

The Green Mile (1999)

Director: Frank Darabont
Writers: Stephen King (novel), Frank Darabont (screenplay)
Stars: Tom Hanks, Michael Clarke Duncan, David Morse

Storyline

Death Row guards at a penitentiary, in the 1930’s, have a moral dilemma with their job when they discover one of their prisoners, a convicted murderer, has a special gift.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0120689/

High and Low (1963)

Director: Akira Kurosawa
Writers: Hideo Oguni (screenplay), Ryûzô Kikushima (screenplay)
Stars: Toshirô Mifune, Yutaka Sada, Tatsuya Nakadai

Storyline

A wealthy businessman is told his son has been kidnapped and he will have to pay a very large sum for him to be returned safely. It is then discovered that his son is safe at home: the kidnapper took his chauffeur’s son by accident. The kidnapper says this makes no difference: pay up or the child dies. This leaves him with a moral dilemma, as he really needs the money to conclude a very important business deal.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0057565/

Stalker (1979)

Director: Andrei Tarkovsky
Writers: Arkadiy Strugatskiy (novel), Boris Strugatskiy (novel)
Stars: Alisa Freyndlikh, Aleksandr Kaydanovskiy, Anatoliy Solonitsyn

Storyline

In a small, unnamed country there is an area called the Zone. It is apparently inhabited by aliens and contains the Room, where in it is believed wishes are granted. The government has declared The Zone a no-go area and have sealed off the area with barbed wire and border guards. However, this has not stopped people from attempting to enter the Zone. We follow one such party, made up of a writer, who wants to use the experience as inspiration for his writing, and a professor, who wants to research the Zone for scientific purposes. Their guide is a man to whom the Zone is everything, the Stalker.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0079944/

Fight Club (1999)

Director: David Fincher
Writers: Chuck Palahniuk (novel), Jim Uhls (screenplay)
Stars: Brad Pitt, Edward Norton, Meat Loaf

Storyline

A nameless first person narrator (Edward Norton) attends support groups in attempt to subdue his emotional state and relieve his insomniac state. When he meets Marla (Helena Bonham Carter), another fake attendee of support groups, his life seems to become a little more bearable. However when he associates himself with Tyler (Brad Pitt) he is dragged into an underground fight club and soap making scheme. Together the two men spiral out of control and engage in competitive rivalry for love and power.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0137523/

La La Land (2016)

Director: Damien Chazelle
Writer: Damien Chazelle
Stars: Ryan Gosling, Emma Stone, Rosemarie DeWitt

Storyline

Aspiring actress serves lattes to movie stars in between auditions and jazz musician Sebastian scrapes by playing cocktail-party gigs in dingy bars. But as success mounts, they are faced with decisions that fray the fragile fabric of their love affair, and the dreams they worked so hard to maintain in each other threaten to rip them apart.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt3783958/

American Psycho (2000)

Director: Mary Harron
Writers: Bret Easton Ellis (novel), Mary Harron (screenplay)
Stars: Christian Bale, Justin Theroux, Josh Lucas

Storyline

It’s the late 1980s. Twenty-seven year old Wall Streeter Patrick Bateman travels among a closed network of the proverbial beautiful people, that closed network in only they able to allow others like themselves in in a feeling of superiority. Patrick has a routinized morning regimen to maintain his appearance of attractiveness and fitness. He, like those in his network, are vain, narcissistic, egomaniacal and competitive, always having to one up everyone else in that presentation of oneself, but he, unlike the others, realizes that, for himself, all of these are masks to hide what is truly underneath, someone/something inhuman in nature. In other words, he is comprised of a shell resembling a human that contains only greed and disgust, greed in wanting what others may have, and disgust for those who do not meet his expectations and for himself in not being the first or the best. That disgust ends up manifesting itself in wanting to rid the world of those people, he not seeing them as people but only of those characteristics he wants to rid.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0144084/

American History X (1998)

Director: Tony Kaye
Writer: David McKenna
Stars: Edward Norton, Edward Furlong, Beverly D’Angelo

Storyline

Derek Vineyard is paroled after serving 3 years in prison for brutally killing two black men who tried to break into/steal his truck. Through his brother’s, Danny Vineyard, narration, we learn that before going to prison, Derek was a skinhead and the leader of a violent white supremacist gang that committed acts of racial crime throughout L.A. and his actions greatly influenced Danny. Reformed and fresh out of prison, Derek severs contact with the gang and becomes determined to keep Danny from going down the same violent path as he did.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt0120586/