La La Land (2016)

Director: Damien Chazelle
Writer: Damien Chazelle
Stars: Ryan Gosling, Emma Stone, Rosemarie DeWitt

Storyline

Aspiring actress serves lattes to movie stars in between auditions and jazz musician Sebastian scrapes by playing cocktail-party gigs in dingy bars. But as success mounts, they are faced with decisions that fray the fragile fabric of their love affair, and the dreams they worked so hard to maintain in each other threaten to rip them apart.

Link IMDB: https://www.imdb.com/title/tt3783958/

Le voyage

L’aéroport avale ses milliers de voyageurs,
Pour assouvir son énorme appétit vorace,
Sa bouche dévore des mets de toute race,
Ce délicieux festin le remplit de bonheur.

Ils vont à Sydney, ils vont à Moscou, ils vont à Paris,
En s’élevant à des milliers de mètres du sol,
Peuvent même traverser les deux pôles,
La destination ne dépend que de leurs envies.

Installé sur son siège, on s’endort à Tokyo,
Durant quelques heures de sommeil profond
Et de rêves remplis de chevaliers et dragons,
On ouvre les yeux dans un aéroport à Rio.

On peut aussi voyager sans bouger de place
En tirant les ficelles de son imagination
Pour concocter une délicieuse potion
À consommer les jours où la vie est une garce.

Mais rien ne remplace la perception par la rétine
D’un coucher de soleil au bord du vide
Ou au bord d’une eau claire et limpide
Même une imagination débordante et fine.

Alors sortez, voyagez et découvrez,
Avant qu’il ne soit beaucoup trop tard
Pour respirer l’air frais montagnard,
Restez immobile et vous mourrez.

Le réveil d’une suicidaire

Rose avait dans les vingt-quatre ans et pour elle, cela signifiait vingt-quatre années de tourments et de souffrances. L’un de ses oncles prenait le soin de tendrement abuser de son innocence de jeune fille, puis d’adolescente (quoiqu’elle ne fut pas aussi innocente à cette période de sa vie). Elle le détestait. Elle s’était promis qu’un jour, elle aurait le courage de lui ôter la vie et ses testicules avec.

Ses parents faisaient mine de ne rien remarquer, ce qui avait d’autant plus le don de l’agacer au plus haut point. Elle détestait ses parents pour cette raison. Car en dehors de cela, ils étaient plutôt gentils avec elle, sans toutefois être les parents de rêve, elle estimait qu’elle n’avait pas à se plaindre.

Côté scolarité, cela tenait davantage du miracle qu’elle ne fut pas déjà renvoyée de ses différents établissements ou qu’elle ne fut pas placée dans un centre de détention juvénile. Elle avait un don particulier pour s’entourer des mauvaises personnes. Aussi, ces dernières avaient une certaine influence nocive sur elle. Rose était devenue une mauvaise personne à partir du collège. Mais elle avait l’impression d’avoir des amis et des copines… Elle ne s’était nullement interrogée sur ces personnes. Elle ne s’est jamais posée la question suivante : « Qui serait prêt ou prête à prendre une balle pour moi ? »
Elle aurait bien vite compris que son amitié n’était qu’illusion et artifice.

En terminale, elle avait appris une bonne nouvelle : son oncle pédophile était décédé dans un accident de voiture. Ce dernier avait pris le volant après une soirée arrosée et avait fauché une femme enceinte avant d’aller s’encastrer dans un mur de banque. Elle ne put cacher sa joie à l’annonce de cette nouvelle, ce qui lui valut un sacré sermon de la part de son père. Cette nouvelle fit l’effet d’une bombe pour elle, elle était décidément libérée d’un poids.
Puis, elle se dit que son oncle avait été une ordure jusqu’au bout, même mourir, il n’avait pas pu le faire seul, il fallait qu’il entraîne la vie d’une innocente avec lui.

Elle avait difficilement obtenu son bac puis, après quatre mois d’études supérieures, elle décida d’abandonner cela et de commencer à travailler. Elle avait décroché un job en tant que femme de chambre dans un hôtel près du domicile de ses parents. Tout commençait à rentrer dans l’ordre.
Elle avait mis un peu d’argent de côté, pour plus tard ou pour les imprévus.

Rose avait commencé à fréquenter l’un de ses collègues, qui était à la réception de l’hôtel. Ils se virent pendant quelque temps avant de se décider à baiser. Leur première fois ne fut pas terrible, mais les fois suivantes étaient de plus en plus proches de l’extase ultime.
Après quelque temps, ils commencèrent à discuter sérieusement de s’installer ensemble, voire de fonder une famille.

Un jour, alors qu’elle était en plein travail, elle entendit son téléphone portable retentir. Mais elle n’y prêta pas attention, car elle avait presque terminé son service. Tout de suite après, son téléphone sonna de nouveau. Avec une ribambelle de jurons, elle le sortit de sa poche et regarda l’écran : « Numéro masqué », elle le remit dans sa poche.
Alors qu’elle mettait les draps sur le lit de sa dernière chambre, sa manager vint en courant la voir, le téléphone à la main.
« Rose, Rose ?!

Oui, madame Rubben ?

Rose, oh, mon Dieu, je suis désolée… mais il faut vraiment que tu prennes cet appel, dit madame Rubben en fondant en larmes.

Mais qui c’est ? »
Madame Rubben sanglotait et ne parvint pas à lui répondre. Rose comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas.

Elle prit le combiné, l’approcha de son oreille et se racla la gorge :
« Oui, allô ?

Vous êtes Rose Nastor ?

Oui, oui, c’est bien moi. Qui est à l’appareil ?

Ecoutez madame, je suis navré d’avoir à vous annoncer cela, mais vos parents sont décédés dans un accident d’ascenseur. »
Le sapeur-pompier au bout du fil n’eut même pas le temps d’en dire plus que Rose avait envoyé valdinguer le combiné contre le mur et fondit en larmes. Madame Rubben tenta en vain de la consoler, mais Rose était devenue hystérique. Elle pleurait à chaudes larmes, puis ôta sa tenue de travail et sortit de la chambre en sous-vêtements.
Dans la rue, tous les passants se retournaient et faisaient le signe de croix.

Elle rentra directement chez ses parents, mais elle n’avait pas son sac à main où se trouvaient ses clés. Elle prit une brique pour briser l’une des vitres de la cuisine et entra ainsi. Elle se taillada la cuisse au passage. Elle saignait abondamment. Dans le salon, elle ouvrit l’un des placards et sortit une bouteille de whisky et but une longue rasade au goulot avant de s’en verser sur sa plaie ouverte.
Elle mit un pansement dessus dans la salle de bain. Le sang semblait s’être arrêté de couler. Elle s’habilla en vitesse et appela le 18.

La conversation avec l’opératrice était un peu compliquée, car entre les sanglots de Rose et le flegme de l’opératrice, elle mit bien une demi-heure avant d’obtenir ce dont elle avait besoin.

Elle se rendit aussitôt à la morgue. Elle fut prise en charge et on lui demanda d’identifier les corps. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, mais l’un des personnels de la morgue lui tendit la carte d’un psychologue. Elle trouva cela humiliant au plus haut point, mais n’avait pas la force de lui conseiller de se la mettre là où elle pensait.

Elle s’occupa ensuite de toutes les démarches administratives qui suivent un décès. Elle était étonnée par la capacité qu’avait son corps à régénérer ses larmes.
Une fois tout cela fait, elle avait la date de l’enterrement, ç’allait être dans cinq jours.

Elle rentra à l’hôtel où elle travaillait pour récupérer ses affaires et rentra à la maison de ses parents. Au moment où elle inséra la clé dans la serrure, elle fondit en larmes et elle s’écroula au sol. Elle resta ainsi durant près de deux heures à pleurer. Certains voisins et passants restaient plantés devant elle et la regardaient avec un air de pitié, mélangé à du dégoût.

Lorsque le froid lui devint insupportable, elle se releva et rentra dans la maison. Là, de nouveau, elle se mit à pleurer durant de longues minutes. Puis, comme elle avait besoin d’un peu de réconfort, elle appela son copain.
Celui-ci répondit au bout de la première tonalité.

« Rose ? Je suis désolé, vraiment désolé. Je me suis dit que c’était peut-être malvenu de t’appeler aussi rapidement. Rubben m’a annoncé ça tout à l’heure…

J’ai besoin de te voir. Tu peux venir là ? Tout de suite ? dit-elle en sanglotant.

Écoute Rose. Je dois te dire quelque chose. Ce n’est pas le moment, mais je ne peux plus garder cela pour moi.

Viens et tu me le diras en face. J’ai besoin de toi, s’il te plaît, Sacha…

Non, écoute-moi Rose. Je ne vais pas venir.

Mais pourquoi ? cria-t-elle en fondant en larmes.

Rose ? Je suis séropositif. Et comme on ne s’est pas toujours protégé… tu devrais faire des tests. »
Là, il raccrocha. Rose tenta de le rappeler, mais il ne répondit pas. Elle n’était pas sûre d’avoir bien entendu. En réalité, elle avait parfaitement entendu, mais elle pria pour que cela ne soit que le fruit de son imagination.

Au bout d’une dizaine de tentatives, elle abandonna. Le monde semblait se dérober sous ses pieds. Elle s’allongea à même le sol dans le salon et contempla les craquelures du plafond tout en pleurant. Elle finit par s’endormir aux aurores et lorsqu’elle se réveilla, elle appela aussitôt Sacha. Pas de réponse de sa part. Elle appela madame Rubben et lui demanda si ses parents étaient morts. Cette dernière fondit en larmes et lui affirma que oui. Ce n’était donc pas un cauchemar.

Elle avait essayé d’aller voir Sacha, mais celui-ci était parti précipitamment selon sa propriétaire. Elle se mit à le détester à vouloir le tuer. À l’hôtel non plus, il n’avait guère plus donné de signes de vie.
Elle finit par se résoudre à l’idée qu’il valait mieux qu’un tel enfoiré sorte de sa vie.

La veille de l’enterrement, elle reçut une lettre de Sacha remplie d’excuses et de mea culpa. Il lui disait qu’il était désolé de ne pas avoir eu la force de faire face à tout cela. Qu’il l’aimait au plus haut point, mais qu’il ne la méritait pas.
Avant même de terminer de la lire, elle la déchira et la jeta à même le sol.

Le jour de l’enterrement, elle se réveilla aux alentours de 4h du matin. Elle n’avait fermé l’œil que durant quelques minutes. Elle avait l’impression d’être dans une dimension parallèle. Elle n’arrêtait pas de penser que tout cela n’était qu’un terrible cauchemar. Un cauchemar perpétuel duquel elle ne parvenait pas à se réveiller.

Elle resta assise sur son lit durant de longues heures avant de décider d’aller prendre une douche et de s’apprêter. Elle enfila un tailleur noir et un manteau tout aussi noir. Elle se regarda dans le miroir et fondit en larmes. Elle était sur le point d’enterrer ses parents, les fondations de sa vie, ses repères… comment allait-elle pouvoir vivre sans eux ?

Elle se repoudra, car les larmes l’avaient amochée et elle sortit. Elle devait prendre le métro, car le cimetière n’était pas tout près.
Après cinq minutes de marches, une pluie glaciale vint la martyriser. Elle accélérera le pas.

Une fois dans le métro, le tableau d’affichage indiquait que la prochaine rame allait arriver dans sept minutes. Elle regarda autour d’elle et ne vit que de la tristesse sur le visage des gens, du dégoût, un dégoût de cette vie morose et monotone.
Elle se mit à pleurer, car elle se rappela que dans quelques instants, elle allait enterrer ses héros.

Lorsque la rame arriva en station, elle se leva précipitamment et courut vers le bord du quai. Lorsque la rame fut à son niveau, le conducteur pila, mais l’allure du métro était encore trop importante pour s’arrêter à temps. Elle s’élança dans le vide et l’avant de la rame vint lui briser ses cotes et son crâne fut envoyé vers les rails avec une violence inégalée.
Son corps sur les rails, le métro lui passa dessus et déchiqueta sa chair blanche, des lambeaux imbibés de sang voltigeaient dans l’air tels une œuvre d’art abstraite.

Sur le quai, les autres usagers furent abasourdis. Des cris d’effroi et de terreur se firent entendre de-ci, de-là. Certains cachaient leur visage, quand d’autres, plus curieux tentaient d’apercevoir le cadavre de Rose.

Elle était méconnaissable lorsque les pompiers virent ramasser ce qu’il restait de son corps frigide. Ils en avaient vu d’autres, mais l’état dans lequel elle était fit avoir des haut-le-cœur à plus d’un des pompiers.

Ainsi, Rose n’avait pas eu à subir l’enterrement de ses parents. Elle n’avait pas eu à subir le stress inouï quant aux résultats de sa prise de sang relative au VIH.
Elle était en paix désormais. Plus rien n’avait d’importance. Elle allait rejoindre ses deux parents dans ce paisible havre de paix…

Eclat d’étoile

Selfist.

À des années-lumière, une étoile à neutron
s’est fissurée et à dispersée des morceaux
dans tous les sens, dans toutes les directions,
mais c’est sur Terre qu’a atterri le plus beau.

De la poussière d’étoile du firmament
m’enlace le cœur et l’embrasse tendrement
Afin de me faire oublier à moi, Didi
la tristesse et fadeur de ce monde maudit.

On se tourne autour, on se jauge, on se défit
pour apprendre à se connaître et mettre à profit
le temps qu’il nous reste avant le boulevard
de la fin, avant de plonger dans le trou noir.

Vraiment proches, le cataclysme interstellaire
semble inévitable, mais commence à me plaire,
Une fois unis, prendra place un grand roi,
Il faut toujours être deux pour faire trois.

L’horizon des événements me préoccupe,
une fois franchi, aucun retour en arrière
n’est possible, c’est simplement un préambule,
une éternité à nous, voilà ma prière.

Elle est partie

Ce matin-là, j’ai tout de suite senti qu’un truc clochait… Enfin, je veux dire que tout était comme d’habitude quand j’ai ouvert mes yeux : ma maman était allongée à côté de moi dans le lit, elle me tournait le dos, les volets étaient entrouverts, mon doudou n’avait pas bougé d’entre mes bras (en même temps, mon doudou est l’être qui m’aime le plus au monde, donc pas étonnant qu’il ne bouge pas d’un poil d’entre mes bras). Bref, tout était à sa place, sauf mon papa.
A ma grande surprise, il n’était pas à sa place habituelle : juste à ma droite… puisque ma maman n’aimait dormir qu’à gauche du lit.

Je dors encore avec mon papa et ma maman non pas parce que j’ai peur de dormir seule, oh non, loin de là, je suis une grande fille maintenant… mais c’est parce que mon papa et ma maman ont peur que je dorme toute seule, peur que je fasse des cauchemars.
Et puis, il faut dire que mon tonton m’a dit une fois comme ça « la nuit, les fantômes qu’il y a dans ta chambre vont te manger ». Bien sûr, je ne l’ai pas cru, il raconte souvent des craques mon tonton, je ne me fais pas avoir si facilement, sauf que je préfère ne pas prendre le risque, vous feriez pareil si vous étiez à ma place.

Mais alors, où c’est qu’il était mon papa ? Ah ! Je sais ! Il doit être en train de faire pipi aux toilettes. Des fois, ça lui arrive d’aller comme ça, dans la nuit, faire pipi. Une fois même qu’il a fait caca, je le sais parce qu’il a oublié de fermer la porte et que j’ai entendu le bruit de l’étron tomber dans l’eau.
Pour vérifier ma théorie, je suis restée dans le lit à attendre son retour. J’ai attendu, j’ai attendu… puis, soudain, j’ai entendu du bruit en dehors de la chambre, mais ce n’était pas mon papa. Non, c’était ma mamie qui a crié : « Debout ma petite chérie, c’est l’heure d’aller à l’école.

J’veux pas y aller ! » que j’ai répondu comme ça. Puis ma mamie est rentrée dans la chambre et m’a prise dans ses bras, j’étais ronchonne.

Elle m’a délicatement déposée à l’entrée de la salle de bain pour que je passe de l’eau sur mon visage. Ma mamie, elle dit toujours que tant qu’on ne se passe pas de l’eau sur son visage le matin, on embrasse le derrière de toutes les personnes qu’on croise. Moi, je sais que c’est faux, mais bon, je ne préfère pas prendre de risque, je ne veux embrasser le derrière de personne.
Une fois cela fait, je suis sortie de la salle de bain sur la pointe des pieds, j’essayais de ne pas faire de bruit en vue de surprendre ma mamie pour lui faire peur. J’adore faire ça, les grands ont toujours peur mais font toujours semblant de ne pas avoir eu peur, mais moi je sais bien qu’ils ont peur, je me fais pas avoir si facilement hein. Malheureusement pour moi, ma mamie n’était plus dans les parages. J’ai donc descendu doucement les marches pour arriver dans le salon, au rez-de-chaussée.

Là, j’ai retrouvé mon papa. Il était allongé sur le canapé, les yeux grands ouverts, rouges… Visiblement, il avait passé une mauvaise nuit.
Il a levé les yeux vers moi, il avait le regard livide… il avait décidément passé une très sale nuit.

« Bonjour mon papa ! Tu es tombé du lit ? » que je lui ai demandé comme ça. Un simple soupir m’a été adressé en guise de réponse. J’ai aussitôt pensé que j’avais fait une bêtise… j’ai réfléchi, mais aussi loin que je m’en souvenais, je n’avais pas fait de nouvelle bêtise depuis la dernière fois que mon papa m’avait grondée.
J’ai cherché ma mamie du regard dans le salon, mais elle n’était pas là. Je suis remonté dans la chambre de mes parents et j’ai demandé à ma maman si papa était malade. Elle m’a dit que c’était le cas. J’ai haussé les épaules.

Je suis redescendu dans le salon, mais je ne me suis pas approché de mon papa. À chaque fois que mon papa était malade, il refusait catégoriquement que je l’approche. Ma mamie elle m’a dit une fois que c’est parce que les microbes de mon papa viennent sur moi et c’est moi qui serai malade après. Bon, j’ai pas tout compris, mais avec tout ce que mon papa a eu, je sais que lui et ma mamie en connaissent un rayon en maladies, microbes et autres bactéries.

Je me suis dirigée vers la cuisine où mon bol de céréales m’attendait. Ma mamie est vraiment top, elle s’occupe de tout, je m’occupe de rien, si ce n’est que je dois avaler mon bol de céréales jusqu’à la dernière goûte. Sinon, ma mamie me gronde et elle me dit que je resterai petite toute ma vie. Mais moi, je ne veux pas rester petite toute ma vie, sinon mes copines, elles vont sacrément se moquer de moi.

Un fois mes céréales avalées, ma mamie est venue me sommer de me dépêcher sinon, je serai en retard. Moi, je n’aime pas être en retard.
Je suis montée dans ma chambre pour m’habiller. Les vêtements que ma mamie m’a préparé ne me plaisaient pas, mais je n’ai rien dit, j’ai pris sur moi. C’était, selon moi, une preuve de maturité.

Mon sac sur le dos, j’étais en route pour l’école. C’était ma mamie qui m’avait emmenée à l’école parce que mon papa était malade et ma maman dormait encore.
Devant l’école, j’ai fait un bisou à ma mamie et lui ai fait promettre qu’elle reviendrait me chercher le soir.

La journée d’école ne mérite pas que je m’attarde dessus : c’était un jour comme les autres. La maîtresse a essayé de nous apprendre des trucs, pendant que nous, les écoliers, on essayait de bavarder sans se faire prendre.

Le soir, ma mamie m’attendait devant l’école. En rentrant, elle m’a proposé de m’acheter un bonbon chez l’épicier du coin. Naturellement, j’ai accepté. Mais je sentais qu’il y avait un truc qui clochait. Ma mamie est gentille avec moi, là n’est pas la question, c’est même, je dirais, la meilleure mamie au monde, seulement, elle n’acceptait jamais de m’acheter des bonbons, contrairement à mon papa.

Arrivées à la maison, j’ai constaté que mon papa n’était pas dans le salon, alors même que sa voiture blanche licorne était garée dans la rue. J’ai demandé à ma mamie où il était, elle m’a répondu qu’il se reposait dans la chambre.
Je suis montée derechef vérifier cela. Et, en effet, mon papa était calfeutré dans la chambre, tel un reclus, volets fermés, lumière éteinte.

Je suis ressorti sur la pointe des pieds car il semblait dormir. Je suis descendu m’inquiéter auprès de ma mamie de quoi il en retournait, quelle maladie pouvait bien priver mon papa de sa sortie quotidienne au troquet du coin. Il était habituellement rudement assidu mon papa, de ce côté-là.

Ma mamie m’a dit de ne pas m’inquiéter car il ne s’agissait de rien de grave, qu’il était simplement très fatigué et qu’il avait besoin de se reposer, que c’était donc logique que les volets soient fermés et la lumière éteinte. « D’accord » que j’ai répondu. Puis je lui ai demandé à quelle heure ma maman rentrerait du travail. Et là, tout d’un coup, ma mamie a fondu en larmes. Elle m’a ordonné d’arrêter de poser des questions à tout bout de champ sinon elle me rosserait comme il fallait et que je ferais mieux d’aller faire mes devoirs. Je n’ai pas trop compris ce qu’il m’arrivait et j’ai senti qu’il était relativement risqué de chercher à comprendre. Aussi, j’ai préféré baisser la tête et m’en aller dans ma chambre, pour m’installer à mon bureau et me mettre à ma besogne. Je trouvais cela injuste, mais je n’ai rien dit… après tout, Dieu reconnaîtra les siens, n’est-il pas ?

Alors que j’essayais de faire mes fameux devoirs sans trop m’apitoyer sur mon sort, j’ai entendu ma mamie qui arrivait. Elle a passé le seuil de la porte et je lui ai aussitôt fait remarquer que j’étais en train de faire précisément ce qu’elle m’avait ordonné… je sentais que ça allait me retomber dessus cette histoire, comme toujours. Dans cette maison, je faisais la coupable idéale.

Ma mamie avait le visage boursouflé et les yeux rouges. Elle semblait, elle aussi, très fatiguée et elle avait visiblement pleuré, et pas qu’un peu. Elle s’est approchée de moi, m’a caressé de sa main droite mon dos. J’adore quand elle fait cela, je me sens tellement en sécurité. J’ai souri.
Puis elle m’a dit « Il faut que je te dise quelque chose ma petite chérie… ».

Elle m’a raconté comment mon papa et ma maman se sont disputés cette nuit… je trouvais cela étrange car je n’avais rien entendu. Elle m’a raconté que mon papa est descendu dormir seul sur le canapé. Elle m’a raconté que ma maman a pris des affaires et est partie peu de temps après que je m’en sois allée à l’école. Elle m’a raconté que ma maman ne reviendrait pas ce soir. Elle m’a raconté que ma maman reviendrait me voir bientôt, mais qu’elle ne resterait pas dormir à la maison.

Je suis restée bouche bée. Cela fait une quantité d’informations trop importante à traiter par mon petit cerveau. J’essayais tant bien que mal de faire le tri dans ma tête mais cela était terriblement confus.
J’ai tout de même réussi à articuler « Mais… pourquoi ? ». Ma mamie est restée sans rien dire pendant un petit moment, elle semblait réfléchir puis elle m’a dit « Parce que ton papa et ta maman ne s’aiment plus ».

En voilà une histoire… Pourquoi faut-il toujours que les grandes personnes compliquent-elles tout ? Un papa doit aimer une maman pour toujours non ? Et inversement. Alors pourquoi arrêteraient-ils de s’aimer tout d’un coup ? Il y a quand même des choses qu’il faudrait qu’on m’explique parce que ou je n’ai pas toutes les pièces du puzzle pour tout comprendre, ou bien le monde ne tourne pas rond.

J’avais beau essayer de comprendre, je n’y parvins pas sur le coup. Mais le fatal constat était bel et bien celui-là : je ne trouverais plus jamais ma maman à la maison, allongée à côté de mon papa et regardant la télévision.

J’ai mis un peu de temps à m’en remettre d’un part, et d’autre part, à comprendre. Au travers de bribes de conversations que j’entendais de-ci de-là, je compris que l’amour entre mon papa et ma maman disparut à la suite d’une querelle sur un sujet qui m’est encore inconnu. « C’est complètement dingo ! Cela ne tient donc qu’à ça l’amour ? » j’ai pensé.

Pendant les semaines qui suivirent cet événement, mon papa alternait ses humeurs entre la colère, la tristesse et l’envie de se suicider.
Ma maman, quant à elle, m’appelait régulièrement pour prendre de mes nouvelles, sans oublier de demander des nouvelles « de la maison » comme elle disait. Certains week-ends même, elle m’emmenait chez elle, dans sa nouvelle maison à elle.
Au début, c’était chouette car ma maman, comme elle n’avait pas grand-chose dans sa nouvelle maison (même pas la télévision, c’est vous dire), m’emmenait tout le temps au cinéma, puis au Mac Donald’s, et même qu’elle m’achetait tout plein de jouets.
Mais plus le temps passait, moins les sorties étaient fréquentes, moins les cadeaux étaient nombreux… si bien que, à la fin, les visites chez ma maman se résumait à cela : elle me questionnait durant un quart d’heure sur l’école, sur comment j’allais et surtout sur la maison de mon papa et sur mon papa, puis elle m’installait devant la télévision qu’elle avait achetée entre temps et m’ordonnait d’être sage, car si je ne l’étais pas, elle cesserait de m’aimer aussitôt.

Petit à petit, mon papa s’est senti mieux, il réussissait tant bien que mal à tourner la page. Au début, il n’arrêtait pas de demander à haute voix « Mais qu’est-ce qui a bien pu lui prendre ? ». Il parlait de ma maman, cela va de soi. Puis, il a cessé de chercher à comprendre. Parfois, certaines choses n’ont pas d’explication rationnelle.

Aujourd’hui, mon papa ne parle à ma maman que pour des questions pratiques : lorsque je vais la voir ou lorsque ma maman veut me parler. Ils se sont promis amour dans le meilleur et dans le pire… que de vaines paroles. Ma maman ne me manque pas particulièrement, car je la vois assez régulièrement… Non, ce qui me manque c’est mon papa ET ma maman, ensembles.
Aussi, je me suis promis que quand je serai grande, je n’essayerai pas de comprendre tout ça… mais que quand je donnerai ma parole, je m’y tiendrai.

Digression à propos de l’amour

OK, donc l’amour. Avant d’aborder ce vaste sujet, il faut, au préalable, faire la distinction entre l’amour même et l’attirance physique qu’on peut ressentir envers une personne. Cette attirance qu’on peut ressentir au premier regard, c’est ça qu’est pour moi le coup de foudre. Et c’est la raison pour laquelle un coup de foudre ne débouche pas forcément sur un amour sincère.
Le véritable amour se construit, c’est un travail de longue haleine qui se fait tous les jours. Un travail qui demande de faire de nombreux efforts et quelques sacrifices (on ne peut pas se comporter comme un célibataire lorsqu’on aime une personne). Cet amour doit être basé sur la confiance et la communication (la fidélité est une variable aléatoire, car cette notion n’est pas perçue de la même manière d’une personne à l’autre : les couples libertins sont parmi les plus fidèles. Et même s’ils couchent avec une autre personne que leur femme/mari, tant que cela est su et convenu, cela reste de la fidélité. L’infidélité est la résultante d’une trahison, d’un mensonge).

Alors pour quelle raison l’amour fait-il si mal ? C’est relativement simple à appréhender : lorsqu’on aime vraiment une personne, c’est qu’on a justement mis un certain temps à construire cet amour pour elle, à bâtir le couple. Justement, on se bâtit un avenir, un futur à deux, on se voit vivre avec cette personne le plus longtemps possible. Seulement, une fois qu’il y a de l’eau dans le gaz, très vite, on arrive à remettre tout en question. Encore pire, si la rupture intervient, ce sont tous nos rêves peaufinés ensemble qui sont balayés du revers d’une main. Et il n’y a aucun plâtre pour la fracture de nos rêves, c’est pour cela que c’est si douloureux.
Il faut nuancer cela en ajoutant qu’il existe différentes ruptures : si elles sont dues à une infidélité, par exemple, elles sont généralement plus « faciles » à gérer. C’est quand on ne voit rien venir que c’est difficile.

Alors, comment faire en sorte pour qu’on ait moins mal ? Il n’y a pas vraiment de façon de faire. Et peu importe ce qu’on fait, lorsque la rupture est proche, on n’est pas suffisamment lucide pour ne pas avoir mal. On est souvent pris dans un tourbillon de pensées négatives et de tristesses.
Mais, il faut tout de même tenter de relativiser : une rupture n’est pas une mort. Un retour en arrière est toujours possible, même si ce n’est pas vraiment conseillé. De surcroît, même si on est séparé, on peut continuer d’avoir de l’amour pour la personne (pas le même que quand on est en couple), simplement, nos projets sont indépendants de cette personne.
Une autre astuce est de ne pas s’impliquer trop rapidement et tête baissée dans la relation. Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’impliquer du tout, mais il faut laisser le temps au temps et ne pas précipiter les choses. La précipitation est souvent mauvaise : on agit de façon déraisonnée et on tombe souvent de haut à la fin.
Enfin, il faut communiquer. La communication rendra les choses plus simples, même si séparation il doit y avoir. Puis elle permet de sentir l’état d’esprit de l’autre et donc de se préparer en quelque sorte aux événements qui vont venir.

Quoi qu’il en soit, l’amour est une merveilleuse chose, même si j’ai été souvent déçu de ce côté, car justement, j’ai fait tout ce qu’il faut éviter de faire, il faut toujours croire en l’amour, courir après l’amour et, surtout, la chose la plus importante : répandre l’amour autour de soi, le monde sera ainsi meilleur.

Cœur

On naît tous avec lui, même s’il est dur d’apprendre à s’en servir.
Il bat constamment, s’il s’arrête d’un coup, on en vient à mourir,
Mais bat-il pour la bonne personne, t’es-tu déjà demandé ?
Une telle question, est-ce que tu te l’es déjà posée ?

Il a beau battre à la chamade, déchirer ton petit thorax,
Si tu n’y prends guère garde, tu vas finir grandement furax
Parce que tu as laissé y pénétrer une femme vénale
Qui t’a promis l’amour, un quotidien paisible et du sexe anal.

Aussi, n’imagines jamais qu’il ne s’agit que d’un simple muscle
Qui ne fait que battre, que soulever lentement ton petit buste,
Il faut le ménager, en prendre bien soin car on n’en a qu’un seul
Si tu ne veux pas vêtir pour l’éternité un joli linceul.

Chaque homme veut conquérir le fragile cœur d’une femme à tout
Prix, pour y déverser son amour et beaucoup de bonheur tabou
Car il n’y a rien de plus beau que de rendre une personne heureuse,
Sinon, on termine malheureux dans sa propre tombe qu’on creuse.