Dmitri le forçat

Un vin aigre vint me chatouiller subitement mon gosier,
L’enivrement n’allait pas tarder à enjoliver cette foutue grognasse
Qui, en plus d’être conne, avait un don pour mal choisir ses godasses.
Bon Dieu, pourquoi faut-il que je me foute dans ce genre de merdier ?

Fuir ? Trop tard, ce n’est guère plus envisageable à ce stade.
En face d’elle, j’essaye de garder mon calme et j’écoute ses salades.
Je n’ai qu’une envie : vider cul-sec la bouteille de Chianti,
Mais si je fais ça, elle cessera de penser que j’suis un mec gentil.

Pas le choix, je l’écoute et j’affiche un sourire béat
En acquiesçant de temps en temps avec un signe de tête :
« Mais je suis totalement de ton avis ma Colette. »
Sauf qu’en réalité, son petit prénom, c’est Andréa.

« Oh la belle bourde, la grosse boulette » allez-vous me dire.
Comme si j’en avais quelque chose à faire de tout ça,
Mais ce n’est pas du tout le cas. On me choisit pour le pire,
Le meilleur en moi n’existe pas : je suis Dmitri le forçat.