Sur un lit d’hôpital

Je ressors de l’hôpital Casanova. Un si joli nom pour un lieu si sordide. Je suis allé visiter ma mamie. Ma mamie a un satané cancer : celui du pancréas ; l’un des pires selon les dires des spécialistes.
Une chose est sûre : ma mamie est sacrément mal en point. Elle a été placée dans une unité de soins palliatifs… j’ignorais de quoi il s’agissait réellement. Je me suis renseigné via ce cher ami qu’est Google.
Les soins palliatifs sont les services où l’on stocke les patients qui sont sur la fin. Sur la fin de quoi ? Sur la fin de leur vie, évidemment.
C’est ce qui m’a tout de suite marqué lorsque j’ai aperçu ma mamie : ses yeux ne dégageaient rien d’autre que le néant. Ils étaient vides, la vie les avait quittés. Il n’y a guère plus cette lueur, cette douceur qui entoure la rétine et qui rend les yeux si beaux, qui rend les regards de certaines personnes si délicieux. Non, dans les yeux de ma mamie, on ne voyait guère plus que le vide. Le vide et la souffrance.
Le cancer se nourrit de ses entrailles et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Les médecins tentaient de le repoussait à base de rafales de chimiothérapie et autres médicaments, mais il semblait indestructible. Elle souffrait, il gagnait du terrain. Son seul moment de répit était lorsqu’un afflux de morphine venait se mélanger à son sang.
J’étais dans la chambre avec le frère de ma grand-mère et ma propre mère. Ô maman ! Tu en as vu des êtres chers sur un lit d’hôpital… mais quelle souffrance infinie que de voir sa propre mère dans cet état. Je doute réellement qu’il existe une personne sur cette Terre qui soit aussi forte mentalement que ma maman. Même dans les pires situations – et elle en a connu, je peux vous l’assurer – elle a su garder sa foi infaillible.
Nous étions tous les trois autour du lit qui supportait le poids de ma grand-mère, nous lui caressions les avant-bras pour qu’elle sente un peu de réconfort, ce réconfort du contact chaud d’une main qui nous caresse. Nous tentions de lui faire oublier quelque peu sa terrible souffrance. Mais nous n’étions pas dupes, nous voyions bien que nous étions impuissants face à ce satané cancer. Nous avons, donc, fait ce que toute personne de foi ferrait : nous avons commencé à prier.
Lorsque l’esprit d’un Homme ne parvient pas à résoudre un problème insoluble, il s’en remet bien souvent à Dieu. C’est précisément ce que nous fûmes : nous tentâmes, par l’intermédiaire d’un appel à l’aide désespéré auprès de Dieu, d’apaiser ne serait-ce qu’un peu ses souffrances.
Lorsque nous eûmes terminé, elle s’était endormie. Elle semblait apaisée ma mamie.
Cela déchire le cœur de voir un être que l’on aime sur un lit d’hôpital… elle est dure la vie sur un lit d’hôpital… Ce satané cancer, je ne le souhaite pas même à mon pire ennemi.
Profitez de vos proches et donnez-leur tout l’amour du monde. Profitez de la vie… pendant qu’il en est encore temps.