Prague. Ce n’est pas juste une ville—c’est une invitation à plonger dans l’histoire, à ressentir le poids de mille récits gravés dans ses ruelles pavées et ses murs anciens. Devant l’imposant Château de Prague, on réalise que ce n’est pas simplement un monument mais un témoin silencieux, veillant sur les chemins sinueux de la ville et le cours tranquille de la rivière Vltava. Le pont s’étend sous tes pas, et chaque enjambée semble une traversée dans le temps, te reliant à ceux qui ont foulé ces pavés avant toi.
Il y a quelque chose d’indescriptible ici, un murmure qui s’insinue doucement, qui t’imprègne et te relie à une grandeur intemporelle. Le ciel s’étire au-dessus, lourd de nuages semblant détenir les secrets de la ville, jouant d’ombres et de lumières sur la rivière. C’est un lieu qui ne crie pas sa majesté, mais qui chuchote, laissant la beauté de ses flèches et toits s’ancrer lentement dans l’âme. Chaque instant ici est un mélange de passé et de présent, comme si tu ne faisais pas que visiter, mais devenais une partie de l’histoire.
Prague n’est pas seulement une destination ; c’est un ressenti, un souvenir en devenir, une ville qui persiste bien après ton départ. En absorbant la vue, les sons et l’essence de Prague, tu sais que tu te tiens dans un lieu hors du temps.
Endroit paisible, au mieux que la vie puisse nous présenter : le lit. J’y suis allongé, là, blême. Ma seule mission est de me laisser emporter dans un sommeil profond. Et bien devinez quoi ? J’échoue chaque soir !
Je passe mon temps à tourner et retourner tous les soirs dans ce lit qui est si douillet. Mon cerveau est à cent à l’heure. Il pense à ce fichier Excel que j’ai peut-être oublié de correctement sauvegarder ; ou bien à cet e-mail qui est resté dans ma mailbox, muet, sans réponse. Et quand l’anxiété me prend à la gorge, alors toutes sortes de pensées emménagent dans un coin bien profond de ma tête. “Vais-je mourir sur le trajet du bureau demain ?” Mon cerveau me répond par l’affirmative dans 99,99 % des cas. Force est de constater que jusqu’à présent, il s’est trompé sur toute la ligne.
Les heures passent et le silence de la nuit, que j’aurais autrefois trouvé apaisant, devient un amplificateur de ce chaos intérieur. Chaque tic-tac de l’horloge résonne comme un compte à rebours sinistre. Le moindre bruit extérieur, le craquement du parquet ou le souffle du vent, vient s’ajouter à la cacophonie de mes pensées. Mais le pire, c’est ce bruit-là, celui que personne d’autre n’entend : le bourdonnement incessant, ce murmure intérieur qui n’a rien de naturel.
Je le surnomme le “bruit intracrânien”. C’est comme un vieux transistor mal réglé, grésillant entre deux stations. Parfois, c’est juste un sifflement ténu, presque supportable. D’autres fois, c’est un tumulte qui semble s’amplifier à mesure que je m’efforce de l’ignorer. Est-ce le stress ? La fatigue accumulée ? Ou ce besoin désespéré de contrôler ce qui m’échappe ?
Je me tourne encore, espérant que le changement de position fera taire ce vacarme. Mais non, il persiste. Alors, je compte les moutons, puis les moutons deviennent des chiffres. Je calcule le temps qu’il me reste avant que l’alarme ne sonne. Quatre heures et douze minutes… quatre heures et onze… Et à ce rythme, je me demande si je n’irai pas mieux sans jamais dormir.
Ce n’est qu’à l’aube, quand la lumière commence à percer les rideaux, que je parviens enfin à flirter avec le sommeil. Mon esprit s’épuise de lui-même, laissant une trêve momentanée. Mais cette accalmie n’est jamais une victoire, car je sais que le bruit reviendra, toujours, fidèle compagnon de mes nuits tourmentées.
D’ordinaire, lorsqu’une année rend l’âme, c’est dans la joie et la bonne humeur qu’on accueille la nouvelle qui voit la nuit. Entre 23h59 et 00h00, il y a cette magie qui se déroule devant nos yeux : on aperçoit le temps faire un bon dans le futur.
Ce spectacle s’accompagne de vœux transmis et de résolutions prises : on se souhaite une bonne année, mais qu’est-ce à dire ? On se promet d’être meilleur que l’année passée, mais moins bien que l’année prochaine.
Pour ma part, ce fut à une triste séance du théâtre de la vie cette fin d’année 2023. Mais, comme toute personne normalement constituée, je me promis également de travailler sur une version améliorée de moi-même. J’ai pris une feuille de papier, enfin non, monde moderne oblige, j’ai ouvert l’application Notes sur mon téléphone intelligent et ai listé quelques points d’amélioration. De là, il n’y eut qu’un pas pour que je les transforme en bonnes résolutions pour cette année 2024.
Celle d’entre elles qui nous intéresse ici est l’objectif kilométrique que je me suis fixé : courir 1000 kilomètres en 366 jours. Ce n’est pas énorme, en réalité, mais j’ai traversé une période plutôt compliquée et voyant cela écrit sur mon écran de téléphone, cela me paraissait inatteignable.
Le jour de l’an, je n’avais pas de temps à perdre et je m’y suis mis tout de suite. Le lendemain, idem. Le surlendemain, pareil… et ainsi de suite.
Au mois de janvier, esseulé et tourmenté comme jamais je ne l’ai été, je totalisais déjà 258 kilomètres au compteur.
La motivation vacillait, j’avais des hauts, des bas, mais je m’efforçai de tenir le cap.
Il y avait des jours plus faciles que d’autres. Mais en général, la souffrance venait frapper à ma porte. Mes mollets me faisaient mal ; mon genou gauche, puis le droit m’ont tourmenté ; sans même parler de toutes les ampoules. Ce n’est pas le courage qui m’a fait continuer, mais simplement l’objectif que je m’étais fixé. La seule option que je me suis laissé est de l’atteindre.
Nous sommes le jeudi 6 juin 2024 et j’ai atteint mon mégamètre aujourd’hui, pendant l’heure de déjeuner et bon sang comme je suis fier !
Si je l’ai fait, vous pouvez le faire, just do it.
C’était l’été 2015, je venais d’achever ma première année de master (plus précisément, le DSCG) et il me fallait, à la suite d’un désaccord avec la directrice de la boîte dans laquelle je bossais, trouver un nouvel employeur pour ma seconde année.
Aussi, m’étais-je mis à envoyer des tas de candidatures à des entreprises diverses et variées, mais le succès n’était pas tellement au rendez-vous. D’échec en échec, je me démotivais au fil des jours. L’école dans laquelle j’étais a fait passer mon profile à ses divers contacts, mais en vain.
Je tombai sur une annonce pour un poste en alternance, en comptabilité générale, précisément ce qu’il me fallait. Je rédigeai une lettre de motivation et, accompagnée de mon CV, j’envoyai ma candidature. Il ne passa que quelques heures avant que je ne sois contacté. J’en fus agréablement surpris.
La responsable des ressources humaines m’expliqua dans les grandes lignes le poste, la structure et divers autres détails. Puis, elle me proposa une date pour un entretien avec Bernie, le responsable comptable.
À la date convenue, j’enfilai mon attirail professionnel et me rendis à l’adresse indiquée, en plein cœur de Paris. Et ce fut à cet instant que je rencontrai pour la toute première fois Bernie.
Côté professionnel, il m’apprit énormément de choses à la fois sur le plan technique (en comptabilité, fiscalité, gestion etc.) que sur le plan relationnel (il m’apprit à toujours être diplomate).
Côté personnel, Bernie m’ouvrit les yeux sur un monde qui m’étais jusqu’alors caché. Il est une véritable encyclopédie vivante de connaissances culturelles. Il fut celui qui me donna goût à des films d’une autre époque, qui me conseilla des auteurs que je ne connaissais guère. Comme s’amusait à l’appeler l’un des fondateurs : BerniePédia. Ce surnom lui va si bien.
C’est grâce à Bernie que je suis aujourd’hui capable de citer plus de cinq auteurs de romans ou encore de lister des films d’avant les années 2000. C’est grâce à Bernie que j’ai découvert pêle-mêle :
Quand passent les cigognes, de Mikhail Kalatozov, qui remporta la palme d’or au festival de Cannes en 1958.
François Truffaut et sa vaste filmographie.
Andrei Tarkovski et son aptitude à mettre dans la poésie dans le cinéma.
Akira Kurosawa, le maître du cinéma nippon.
Bernard Tavernier, une référence critique sur le cinéma.
… et tellement d’autres.
Aussi, Bernie, mon ami, merci. Merci pour cette soif de découverte et cette passion que tu as su me transmettre.
Je vous souhaite à tous un Bernie dans votre existence.
A quelques heures du début de la Coupe du Monde la plus controversée de l’histoire, on nous intime de la boycotter.
Quand on y pense, c’est un peu fort de café. Le Qatar est l’un de ces pays qui représente le mal incarné du point de vue de l’Occident. J’entends par là : droits de l’Homme bafoués, un désastre environnemental et écologique, une culture footbalisitque inexistante.
Mais qu’avons-nous fait ? Nous avons cédé au Dieu argent, nous avons fermé les yeux sur les scandales à venir (qui étaient connus, dès les années 2009-2010, moment où l’attribution de cette Coupe du Monde s’est décidée). Les préoccupations n’étaient pas exactement les mêmes à cette époque (l’urgence climatique était encore un sujet secondaire), mais il est indéniable que le projet soutenu par le Qatar était totalement lunaire. On a consciemment attribué cette compétition à un pays dénué d’infrastructures, où il fait entre 18 et 35 degrés tout au long de l’année et, à quelques semaines du début, on vient faire les moralisateurs et on nous demande de la boycotter.
Alors, je vais vous dire, nous ne sommes responsables en rien de cette décision. En revanche, nous sommes responsables des dirigeants que nous avons, des personnes que nous plaçons à la tête des grandes institutions. Nous sommes responsables de notre cupidité et de ne pas savoir dire non à l’argent. En cela, les Qataris ont bien raison : tout a un prix.
Il n’est pas trop tard pour nous soulever, pour envoyer vaciller les dollars et pour nous réveiller : le soft-power est un moyen de manipulation des masses. Il n’y a rien de mal en cela, il faut simplement en avoir conscience.
PS : La précédente Coupe du Monde de football fut attribuée à la Russie. La Russie avait déjà annexée la Crimée quelques années avant le début de la compétition.
PS 2 : C’est ce genre d’individus qui doit être boycotté !
Je ressors de l’hôpital Casanova. Un si joli nom pour un lieu si sordide. Je suis allé visiter ma mamie. Ma mamie a un satané cancer : celui du pancréas ; l’un des pires selon les dires des spécialistes. Une chose est sûre : ma mamie est sacrément mal en point. Elle a été placée dans une unité de soins palliatifs… j’ignorais de quoi il s’agissait réellement. Je me suis renseigné via ce cher ami qu’est Google. Les soins palliatifs sont les services où l’on stocke les patients qui sont sur la fin. Sur la fin de quoi ? Sur la fin de leur vie, évidemment. C’est ce qui m’a tout de suite marqué lorsque j’ai aperçu ma mamie : ses yeux ne dégageaient rien d’autre que le néant. Ils étaient vides, la vie les avait quittés. Il n’y a guère plus cette lueur, cette douceur qui entoure la rétine et qui rend les yeux si beaux, qui rend les regards de certaines personnes si délicieux. Non, dans les yeux de ma mamie, on ne voyait guère plus que le vide. Le vide et la souffrance. Le cancer se nourrit de ses entrailles et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Les médecins tentaient de le repoussait à base de rafales de chimiothérapie et autres médicaments, mais il semblait indestructible. Elle souffrait, il gagnait du terrain. Son seul moment de répit était lorsqu’un afflux de morphine venait se mélanger à son sang. J’étais dans la chambre avec le frère de ma grand-mère et ma propre mère. Ô maman ! Tu en as vu des êtres chers sur un lit d’hôpital… mais quelle souffrance infinie que de voir sa propre mère dans cet état. Je doute réellement qu’il existe une personne sur cette Terre qui soit aussi forte mentalement que ma maman. Même dans les pires situations – et elle en a connu, je peux vous l’assurer – elle a su garder sa foi infaillible. Nous étions tous les trois autour du lit qui supportait le poids de ma grand-mère, nous lui caressions les avant-bras pour qu’elle sente un peu de réconfort, ce réconfort du contact chaud d’une main qui nous caresse. Nous tentions de lui faire oublier quelque peu sa terrible souffrance. Mais nous n’étions pas dupes, nous voyions bien que nous étions impuissants face à ce satané cancer. Nous avons, donc, fait ce que toute personne de foi ferrait : nous avons commencé à prier. Lorsque l’esprit d’un Homme ne parvient pas à résoudre un problème insoluble, il s’en remet bien souvent à Dieu. C’est précisément ce que nous fûmes : nous tentâmes, par l’intermédiaire d’un appel à l’aide désespéré auprès de Dieu, d’apaiser ne serait-ce qu’un peu ses souffrances. Lorsque nous eûmes terminé, elle s’était endormie. Elle semblait apaisée ma mamie. Cela déchire le cœur de voir un être que l’on aime sur un lit d’hôpital… elle est dure la vie sur un lit d’hôpital… Ce satané cancer, je ne le souhaite pas même à mon pire ennemi. Profitez de vos proches et donnez-leur tout l’amour du monde. Profitez de la vie… pendant qu’il en est encore temps.
Quelle formidable invention qu’est le sac à dos, n’est-il pas ? On se métamorphose en tortue afin d’emporter avec nous tout ce qui nous est précieux. Emporter avec nous nos malheurs, nos joies, nos peines, nos haines… tout ceci est rendu possible grâce à ce sac à dos.
Le sac à dos permet la liberté de mouvement que nul autre objet ne peut se targuer de permettre : comment feraient les parachutistes si le sac à dos n’existait pas ? Comment partirait-on faire une randonnée dans la plus reculée des contrées sans sac à dos ? Il permet de nous charger comme une mule afin d’aller plus loin, tout en étant sûr qu’on ne risque de manquer de rien.
Mais au fond, la vie ne nous place-t-elle pas un sac à dos invisible sur nos dos ? On y accumule tout dedans, tout ce qui fait que nous sommes qui nous sommes… Mais comme tout objet, il n’a pas une capacité illimitée et donc à un certain point, il sature, il peut craquer… un sac à dos qui explose, ce doit être cela la mort, en fin de compte.
OK, donc l’amour. Avant d’aborder ce vaste sujet, il faut, au préalable, faire la distinction entre l’amour même et l’attirance physique qu’on peut ressentir envers une personne. Cette attirance qu’on peut ressentir au premier regard, c’est ça qu’est pour moi le coup de foudre. Et c’est la raison pour laquelle un coup de foudre ne débouche pas forcément sur un amour sincère. Le véritable amour se construit, c’est un travail de longue haleine qui se fait tous les jours. Un travail qui demande de faire de nombreux efforts et quelques sacrifices (on ne peut pas se comporter comme un célibataire lorsqu’on aime une personne). Cet amour doit être basé sur la confiance et la communication (la fidélité est une variable aléatoire, car cette notion n’est pas perçue de la même manière d’une personne à l’autre : les couples libertins sont parmi les plus fidèles. Et même s’ils couchent avec une autre personne que leur femme/mari, tant que cela est su et convenu, cela reste de la fidélité. L’infidélité est la résultante d’une trahison, d’un mensonge).
Alors pour quelle raison l’amour fait-il si mal ? C’est relativement simple à appréhender : lorsqu’on aime vraiment une personne, c’est qu’on a justement mis un certain temps à construire cet amour pour elle, à bâtir le couple. Justement, on se bâtit un avenir, un futur à deux, on se voit vivre avec cette personne le plus longtemps possible. Seulement, une fois qu’il y a de l’eau dans le gaz, très vite, on arrive à remettre tout en question. Encore pire, si la rupture intervient, ce sont tous nos rêves peaufinés ensemble qui sont balayés du revers d’une main. Et il n’y a aucun plâtre pour la fracture de nos rêves, c’est pour cela que c’est si douloureux. Il faut nuancer cela en ajoutant qu’il existe différentes ruptures : si elles sont dues à une infidélité, par exemple, elles sont généralement plus « faciles » à gérer. C’est quand on ne voit rien venir que c’est difficile.
Alors, comment faire en sorte pour qu’on ait moins mal ? Il n’y a pas vraiment de façon de faire. Et peu importe ce qu’on fait, lorsque la rupture est proche, on n’est pas suffisamment lucide pour ne pas avoir mal. On est souvent pris dans un tourbillon de pensées négatives et de tristesses. Mais, il faut tout de même tenter de relativiser : une rupture n’est pas une mort. Un retour en arrière est toujours possible, même si ce n’est pas vraiment conseillé. De surcroît, même si on est séparé, on peut continuer d’avoir de l’amour pour la personne (pas le même que quand on est en couple), simplement, nos projets sont indépendants de cette personne. Une autre astuce est de ne pas s’impliquer trop rapidement et tête baissée dans la relation. Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’impliquer du tout, mais il faut laisser le temps au temps et ne pas précipiter les choses. La précipitation est souvent mauvaise : on agit de façon déraisonnée et on tombe souvent de haut à la fin. Enfin, il faut communiquer. La communication rendra les choses plus simples, même si séparation il doit y avoir. Puis elle permet de sentir l’état d’esprit de l’autre et donc de se préparer en quelque sorte aux événements qui vont venir.
Quoi qu’il en soit, l’amour est une merveilleuse chose, même si j’ai été souvent déçu de ce côté, car justement, j’ai fait tout ce qu’il faut éviter de faire, il faut toujours croire en l’amour, courir après l’amour et, surtout, la chose la plus importante : répandre l’amour autour de soi, le monde sera ainsi meilleur.
An 2000 et quelque… En cours de… je ne m’en souviens pas vraiment.
Écrire ? Coucher des mots sur du papier, presser les touches d’un clavier et voir s’afficher sur l’écran des lettres qui forment des mots qui, eux-mêmes, forment des phrases qui, elles-mêmes, forment des paragraphes qui, eux-mêmes, forment un chapitre etcétéra. Mais pourquoi fait-on cela ? Dans bien des cas, c’est tout simplement parce qu’on nous le demande. « Peux-tu me rédiger un compte-rendu de la réunion de ce matin ? » ou encore « Demain, vous aurez la dictée du Petit Chaperon Rouge. » Cela parle à tout le monde, car nous sommes tous confrontés à de telles situations dans nos vies. Mais au-delà de la contrainte, certaines personnes écrivent pour différentes raisons. Elles sont nombreuses ces raisons qui peuvent pousser un Homme à écrire.
Il y a d’abord celui qui écrit pour gagner sa vie. Rédacteur de blog, journaliste, écrivain à succès… écrivent pour se nourrir. Ils ont, en retour de leur création, une certaine rémunération. Il est de nombreux artistes qui fonctionnent ainsi : ils écrivent et mettent à disposition du public leur création, ils amassent une certaine somme d’argent, ils vivent dessus jusqu’au dernier centime, puis, ils recommencent de nouveau. John Fante faisait partie de ceux-là, il n’écrivait que lorsqu’il avait besoin d’argent.
Ensuite, il y a ceux qui écrivent pour purger leur conscience. Ils ont besoin de mettre en mots leurs pensées, leurs vagues à l’âme, leurs tourments, leurs maux. C’est comme si, par un tel procédé, ils expiaient tout cela. Cela peut faire un bien fou de coucher par écrit les circonstances d’un chagrin, d’une rupture brutale, d’une perte. Cela permet de prendre de la hauteur et un certain recul et de reconsidérer les choses.
Il y a également ceux qui écrivent par plaisir. Ils s’enivrent de bonheur de coucher des mots, de conter des situations ubuesques, de raconter des histoires à dormir debout. Ils s’amusent, d’abord eux-mêmes, et, si les choses sont bien faites et bien ficelées, ils amusent le lecteur qui se délecte de leurs récits, dévore leurs recueils et boit leurs mots à grandes gorgées.
Il y a aussi ceux qui écrivent pour la postérité. Ils écrivent pour laisser une trace, pour se construire un héritage qui traversera les années. Leurs enfants, leurs petits-enfants, mais pas seulement, pourront savourer leur œuvre. Ils n’écrivent pas forcément pour dépeindre leur vie, leur pensée ou leur caractère, ils s’adonnent plutôt au jeu de l’écriture pour montrer leur force, leur technicité et leur adresse face aux mots.
Enfin, il y a ceux qui écrivent par amour. Je fais partie de ces gens-là. Je n’écris pas pour vous transmettre quoi que ce soit, ni pour vous montrer à quel point ma vie est pathétique, encore moins pour gagner de l’argent. J’écris pour partager avec vous un petit moment. Il n’y a que ceux qui sont remplis d’amour qui partagent réellement tout ce qu’ils ont avec autrui. Ainsi, de tels auteurs vont coucher les pensées qu’ils ont sur du papier telles qu’elles sont, elles ne sont ni photoshopées, ni travesties ou encore moins déformées. Youssoupha chantait ainsi : « Par amour j’ai chanté mes frères, par amour j’ai changé quand même… » Lorsque l’on met une pincée d’amour dans n’importe quelle cuisine, le résultat en devient systématiquement plus délicieux. Pensez-y !
Les flots du temps les a emportées au loin. Ô mes amours ! Où êtes-vous toutes passées ? Le temps d’une vie je vous ai attendues, mais vous êtes parties sans jamais vous retourner. Ô mes amours ! Comment vous portez-vous ? Êtes-vous heureuses ? Un paradis vous était promis, mais je n’ai pas su en prendre soin. Tout s’effrite sous l’effet du temps, tout s’estompe à chaque minute qui passe, tout se voile à chaque seconde… mais votre sourire reste de façon indélébile ancré dans mon hippocampe. Ô que ne donnerai-je pas pour pouvoir le voir une ultime fois.
Sans cesse je pense à tout ce qu’on n’a pas fait. Je pense à toutes ces joies que le temps a fauchées, je pense à toutes ces découvertes que nous aurions pu partager, je pense à toutes nos folies qui ont été mises en cages… Nous aurions pu être heureux ensembles, mais mon bonheur a pris une sortie différente, notre destination était pourtant identique au départ.
Ô mes amours ! Mon cœur pulsait pour vous tel un magnétar et vous l’avez laissé inerte. Ô mes amours ! à quel point vous aimais-je, le saviez-vous ? Sentiez-vous seulement tout cela ? Rien ne se perd, tout se transforme, mon amour n’a pas disparu, il a simplement changé de cible. Maintenant, mon havre de paix se résume à me balancer dans un rocking chair en lisant du Fyodor Mikhailovich Dostoevsky sur les airs de la Marche Funèbre de Chopin.
Nous allons, finalement, tous au même endroit. Il est dommage qu’on n’ait pas partagé plus de chemin ensembles. Mais rien de tout cela n’a de l’importance désormais. La vie continue et tempus edax rerum.