Arbres

mon pote Fabrice
avait amené des champignons hallucinogènes
d’un de ses voyages en Asie.
il tenait à tout prix à
ce que j’essaye cela.
« c’est un putain
de trip, mec », m’avait-il dit
pour me forcer à franchir
le pas.
il ne m’en fallait pas autant.

j’en pris donc en toute petite quantité
car j’avais quelque peu
peur des effets que cela
pourraient
avoir sur moi.

au bout d’une vingtaine de
minutes,
mon chat se mit
à me faire des doigts
d’honneur et
à me demander
« d’aller me faire
mettre ».
je fus assez lucide pour
me rendre compte qu’il devait
s’agir des symptômes de
ces foutus champignons.

je fis part à Fabrice
de mon échange avec mon chat,
il me conseilla d’aller faire
un tour dehors car, prendre
l’air
me ferait du bien.

je me levai péniblement
du canapé et, en sortant, dans la cuisine,
je remarquai que ma gazinière
suçait le manche
d’une des casseroles qui était accrochée
au dessus.
« bon, tout va bien », me persuadai-je.

je continuai mon chemin
et une fois dehors,
je m’assis sur l’herbe
dans le jardin. lorsque
je levai ma tête, la stupeur me gagna :
les quelques
arbres qui jonchaient
mon jardin
étaient en train
de faire une partie de basket.
je me mis debout
et ordonna au cerisier de me faire
une passe « et fissa, pour l’amour
du Christ »…

la suite ? je n’en ai pas la
moindre idée. mais
ma poignée de porte
m’a envoyé un sms
pour me dire
de ne pas oublier d’acheter
du terreau
pour le cocktail à
la vodka.
je vous laisse.

Animal

avec Hélène, même si
cela ne faisait que
quelques mois que
nous étions ensemble,
c’était
vraiment l’amour
fou entre nous.
d’autant plus que
nous partagions un
amour incommensurable
pour les animaux.

nous ne voulions
pas perdre de temps,
aussi décidâmes-nous d’emménager
ensemble très rapidement.

Hélène faisait
ce que font toutes les
femmes lorsqu’elles
veulent quelque chose :
elle ne cessait de
me rabâcher tout le temps
le même discours.
n’étant pas plus con
que la moyenne,
je compris bien assez vite
qu’elle voulait qu’on se prenne un animal.

ayant mené ma petite enquête,
je compris qu’elle avait
un certain penchant pour les chevaux.

mon pote Louis
connaissait quelqu’un
qui pouvait me dégoter ce que
je cherchais.

ainsi, deux semaines plus tard,
je fis la surprise à Hélène…
mais sa réaction n’était pas celle
escomptée.

« mais t’es complètement
abruti ou quoi ? on vit dans un appart’,
quand je parlais d’animal
de compagnie, je pensais
à un chien ou un chat, nom de Dieu ! »
elle avait visiblement marqué un point…
c’est dur de cerner
les désirs des femmes, n’est-ce pas ?

Fifa

Ceci n’est pas une bite

Chaque année, c’est la même chose, l’histoire se répète,
On craque nos doigts on et on sort les manettes.
Pourquoi ? Parce qu’il y a la sortie du tout nouveau Fifa,
On prépare cinquante euros et on file au magasin fissa.

C’est toujours la même chose : aucune nouveauté, rien de tout ça,
Et comme toujours, on se fait la promesse qu’on ne l’achètera pas,
Mais avec le froid et les week-ends pleins de pluie,
Il est le remède salvateur pour vos soirées entre amis.

On allume la console et on insère délicatement le disque dans la fente,
Lorsque retentit « EA Sport, It’s in the Game », l’excitation augmente.
Le moment est venu de choisir son équipe favorite, celle qui nous a plu,
L’adversaire fait son choix et à compter de là, l’amitié n’existe plus.

Faire sa compo est hautement stratégique, c’est un instant crucial,
Choisir le bon attaquant, le bon milieu et le bon défenseur central
Aura une importance jusqu’à l’ultime minute du temps réglementaire,
Sur console, ce sont les joueurs qui donnent la victoire et non Sepp Blatter.

Lorsque les filets tremblent, la joie est pure, elle est immense,
Alors que l’adversaire est envahi d’une tristesse que rien ne panse.
Il lui faut impérativement revenir au score le plus vite possible,
Sinon il sera la risée et des moqueries de ses potes, il sera la cible.

Un but, deux buts, trois buts à zéro et c’est le PLM,
C’est le fiasco pour l’adversaire mais c’est ce qu’on aime.
La victoire compte, mais plus importante est la distraction,
Alors ramenez-moi Soares pour que je lui détruise le fion.

anglais

Ce n’est que de la pure provocation.

il se faisait appeler
Wilson. il
détenait une concession de véhicules
aux abords de Londres.
il gagnait plutôt bien sa vie.
il n’était pas à plaindre,
mais il
lui manquait une chose essentielle
que tout homme
veut avoir : une femme.

un jour, alors qu’il
était convié à un repas
chez des amis, l’un d’eux,
John, lui promit : « Wilson,
mon pote, j’ai peut-être quelque
chose pour toi. »
il parlait de Chelsea, une veuve,
la bonne trentaine, qui s’entretenait
plutôt pas mal. c’était
une femme dotée
d’une grande classe et aux
bonnes manières.
une allure de diva
faisait qu’on
la remarquait partout
où elle passait.

le repas se passa
à merveille, les
blagues
fusaient et les échanges de regards
entre Wilson et Chelsea se
firent de plus en plus
fréquents au cours de la soirée.
ils firent ample
connaissance
au détour d’une cigarette et échangèrent
leurs numéros respectifs.

ils se revirent pendant
de longs mois et l’amour
fou commençait
à être partie
prenante de leur vie.
ils voyagèrent pas mal
et décidèrent même
de partager leur quotidien.

un soir, sur un coup de tête,
ils décidèrent de se fiancer.

les préparatifs furent
tout aussi brefs que leur
décision.

le jour de la cérémonie,
les quelques convives
furent plus qu’heureux
que Wilson se maria.

ils décidèrent d’aller dîner
dans un chic restaurant
en ville. chic, à ceci
près que les toilettes
étaient mixtes.

lorsque Wilson se
rendit aux toilettes,
suivi de Chelsea peu de temps
après,
les invités redoublèrent
d’ingéniosité pour faire
des blagues graveleuses.

lorsque celle-ci ouvrit
la porte
des toilettes, elle poussa un cri d’effroi :
Wilson était
en train de tailler une pipe
à l’un des serveurs du
restaurant.
elle commença à sangloter
et partit en courant
dehors…

le mariage était, naturellement,
annulé par la suite.
décidément, ces anglais
font tout de travers…

Eclat d’étoile

Selfist.

À des années-lumière, une étoile à neutron
s’est fissurée et à dispersée des morceaux
dans tous les sens, dans toutes les directions,
mais c’est sur Terre qu’a atterri le plus beau.

De la poussière d’étoile du firmament
m’enlace le cœur et l’embrasse tendrement
Afin de me faire oublier à moi, Didi
la tristesse et fadeur de ce monde maudit.

On se tourne autour, on se jauge, on se défit
pour apprendre à se connaître et mettre à profit
le temps qu’il nous reste avant le boulevard
de la fin, avant de plonger dans le trou noir.

Vraiment proches, le cataclysme interstellaire
semble inévitable, mais commence à me plaire,
Une fois unis, prendra place un grand roi,
Il faut toujours être deux pour faire trois.

L’horizon des événements me préoccupe,
une fois franchi, aucun retour en arrière
n’est possible, c’est simplement un préambule,
une éternité à nous, voilà ma prière.

ameublement, clés & cadran

Château de Bran – Une autre époque…

Luis ouvrit ses
yeux et regarda le cadran de
son horloge murale. elle
affichait 3h27 du matin.

comme d’habitude, il
ne parviendrait sûrement pas à retrouver le sommeil.
des nuits perdues,
il en avait connu, des centaines
et des centaines.

mais il décida que celle-ci
n’allait pas en être une.
il appuya sur le petit bouton
de sa lampe
de chevet
et l’ampoule dégueula
sa lumière qui vint
illuminer sa chambre.

il contempla ce qui
l’entourait et arriva
à la conclusion que son ameublement
était d’une autre époque.

il se leva et enfila un pantalon
et un pull
assez épais.
il s’alluma une cigarette.

lorsqu’il l’eut
terminée, il prit ses clés
et sortit.

une douce fraîcheur
le réveilla davantage. il
regarda le ciel et vit
de somptueuses étoiles, bien étincelantes.
il
se dit qu’il devait
bien y avoir une vie là-haut,
quelque part.

puis, il se dirigea vers le parc
qui était à deux pâtés de
maisons de son domicile.
il voulait se balader.

la marche, cette envoûtante
berceuse pour les insomniaques…

demain serait une autre nuit.
un jour, il parviendra à trouver
le sommeil du juste… un jour, peut-être.

Dmitri le forçat

Un vin aigre vint me chatouiller subitement mon gosier,
L’enivrement n’allait pas tarder à enjoliver cette foutue grognasse
Qui, en plus d’être conne, avait un don pour mal choisir ses godasses.
Bon Dieu, pourquoi faut-il que je me foute dans ce genre de merdier ?

Fuir ? Trop tard, ce n’est guère plus envisageable à ce stade.
En face d’elle, j’essaye de garder mon calme et j’écoute ses salades.
Je n’ai qu’une envie : vider cul-sec la bouteille de Chianti,
Mais si je fais ça, elle cessera de penser que j’suis un mec gentil.

Pas le choix, je l’écoute et j’affiche un sourire béat
En acquiesçant de temps en temps avec un signe de tête :
« Mais je suis totalement de ton avis ma Colette. »
Sauf qu’en réalité, son petit prénom, c’est Andréa.

« Oh la belle bourde, la grosse boulette » allez-vous me dire.
Comme si j’en avais quelque chose à faire de tout ça,
Mais ce n’est pas du tout le cas. On me choisit pour le pire,
Le meilleur en moi n’existe pas : je suis Dmitri le forçat.

amende

Lucas avait un frère jumeau
dénommé Léo.

hélas, le destin s’ennuyant
et ne sachant pas trop
quoi faire
pour s’amuser, il
décida
d’ôter la vie à Léo.

cela s’était
passé
sur une autoroute
dans le sud de la
France.
Léo était infirmier
et avait terminé
son service tard dans
la nuit.
en rentrant chez lui,
il était en excès de vitesse
de 24 km/h

il s’était fait
flasher
et cela
l’a surpris et
son véhicule
a terminé sa route
dans la barrière
de sécurité.
il fut mort sur le coup.

lorsque sa femme a reçu
la contravention chez elle,
la photo de Léo était mémorable.
il était en train de se gratter la
tête au moment où il se fit
flasher.

douze ans plus tard,
Lucas emprunta la même autoroute.
il se fit également flasher
et au moment de payer l’amende,
il remarqua qu’il avait
exactement
la même position que son frère sur
la photo…

comme la technologie
a
le don de nous rappeler de douloureux
souvenirs…

Cœur

On naît tous avec lui, même s’il est dur d’apprendre à s’en servir.
Il bat constamment, s’il s’arrête d’un coup, on en vient à mourir,
Mais bat-il pour la bonne personne, t’es-tu déjà demandé ?
Une telle question, est-ce que tu te l’es déjà posée ?

Il a beau battre à la chamade, déchirer ton petit thorax,
Si tu n’y prends guère garde, tu vas finir grandement furax
Parce que tu as laissé y pénétrer une femme vénale
Qui t’a promis l’amour, un quotidien paisible et du sexe anal.

Aussi, n’imagines jamais qu’il ne s’agit que d’un simple muscle
Qui ne fait que battre, que soulever lentement ton petit buste,
Il faut le ménager, en prendre bien soin car on n’en a qu’un seul
Si tu ne veux pas vêtir pour l’éternité un joli linceul.

Chaque homme veut conquérir le fragile cœur d’une femme à tout
Prix, pour y déverser son amour et beaucoup de bonheur tabou
Car il n’y a rien de plus beau que de rendre une personne heureuse,
Sinon, on termine malheureux dans sa propre tombe qu’on creuse.